Ce matin, je me lève d’assez mauvaise humeur. Le matin n’est pas ma tasse de thé ou plutôt si car je déteste le thé.
J’ouvre ma porte, envisageant de prendre ma voiture pour aller à un rendez-vous qui m’attendait avec quelque impatience croyais-je mais vous allez voir que ce n’était pas complètement vrai.
Et qu’est-ce que je découvre ?
Qu’il pleut à seau, à verse, à tombereaux entiers, que c’en est une pitié toute cette eau jetée en pure perte sur la voie publique.
Et vraiment humide bien entendu.
Que fait la police, je me le demande ?
Ce qui serait bien, que je me dis à moi-même (car je me fais souvent des réflexions très intelligentes à moi-même), c’est que cette pluie s’arrêtasse ce qui éviterait que je me mouillasse.
Et aussitôt, la pluie cessasse.
─ Tiens ! Que je me réflexionne.
Je prends donc sèchement ma voiture, je traverse la ville et j’arrive en vue du carrefour du boulevard machin truc avec les avenues machin chouette et machin chose.
A cet endroit, vous le savez aussi bien que moi, se positionne un feu tricolore particulièrement pervers. Quand on approche il est vert, quand on veut passer il est rouge.
Les feux tricolores sont ainsi, abscons et obtus.
Il était vert.
Ce qui serait bien, que je me redis à moi-même avec cette présence d’esprit dont j’ai déjà parlé plus haut, ce serait qu’il restât dans cet état jusqu’après mon passage.
Et aussitôt, il reste vert.
Je passe.
─ Tiens ! Tiens ! Que je me reréflexionne derechef.
Je me gare devant l’immeuble de cent quatre vingt étages et des bananes où doit m’attendre avec une certaine impatience (croyais-je) mon rendez vous, sors de ma voiture, pénètre le hall et me trouve devant l’ascenseur que vous imaginez.
Le genre, car ils sont tous comme ça, à vous faire poiroter des heures devant un bouton allumé qui vous proclame… qu’un jour… peut-être… mon ascenseur viendra.
Ce qui serait bien, que je me reredis à moi-même (Vous ai-je exprimé combien je sais être clairvoyant et futé lorsque je suis en discussion avec mon moi intérieur ?), c’est qu’en appuyant sur le bouton il s’ouvre.
J’appuie.
Et aussitôt, il s’ouvre.
─ Tiens ! Tiens ! Tiens ! Que je me rereréfléxionne, c’est donc un don.
Intéressant !
Et je file vers les étages.
Je sors de l’ascenseur.
Accueil cosy, moquette et secrétaire bien chics comme il sied.
Surprise, mon interlocuteur est occupé.
Si je veux bien attendre quelques minutes.
Je grommelle.
Je ronchonne.
Je marmonne.
Je m’assieds.
Je triture deux trois journaux sans intérêt, je gribouille un truc sur mon carnet à spirale, et au bout de 23 longues secondes et sept centièmes infinis, je commence à m’ennuyer.
Bon !
Que faire ?
Utilisons mon don tout neuf que je me dis (Vous ai-je ? Ah bon !).
Je regarde donc la secrétaire.
Ce qui serait bien que je me dis à moi-même en détaillant sa tenue, c’est qu’elle me fasse un joli striptease
Sans prétention, je ne suis pas difficile.
Avec la musique d’ambiance sirupeuse du lieu, ça pourrait fonctionner.
Comme ça je me désennuyerais tranquillement, je dégrommèllerais, déronchonnerais, démarmonnerais, et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Eh bien croyez-le ou pas.
Elle ne le fit pas.
Ce qui prouve mieux qu’un long discours que les dons ne sont plus ce qu’ils étaient.
Ce qui est bien triste.
Les secrétaires non plus vous me direz.
Mais ça on le savait déjà.