Elle regardait l’échoppe de la fleuriste, songeuse.
A quoi pouvait-elle penser ?
A un amoureux peut-être, à sa mère, ou tout bêtement à une envie de fleurs.
Je m’approchai, lui murmurai à l’oreille très doucement.
– Et si un inconnu vous offrait des fleurs ?
Elle ne bougea pas, à peine un clignement de ses cils qu’elle avait longs.
– j’en serais ravie.
– Ne bougez pas.
J’entrai dans la boutique, lui commandai un bouquet de roses rouges magnifiques, revint, mis un genou en terre.
– Permettez-moi, belle inconnue, de vous offrir ces roses en gage de mon admiration éternelle.
Elle sourit, prit le bouquet.
– Et maintenant, me lancai-je tout à mon enthousiasme, me permettez vous de vous offrir des fleurs d’un autre cachet, des fleurs peintes sur votre corps nu que j’imagine d’albâtre. Je suis dessinateur voyez-vous et j’aime dessiner des fleurs sur les femmes qui me plaisent.
Elle sourit derechef, ni surprise ni choquée.
– Mais bien volontiers, conduisez-moi à votre atelier, je serai ravie d’être croquée par vous…
Sans laisser le temps changer la donne je la précédai vers mon atelier tout proche, elle, ma belle inconnue superbe, parfumée des roses de ce bouquet aussi rouge que sa bouche vermeille.
– Ce sera cinq-cents francs, me dit-elle …parce que c’est vous.