Les roses

Elle regardait l’échoppe de la fleuriste, songeuse.
A quoi pouvait-elle penser ?
A un amoureux peut-être, à sa mère, ou tout bêtement à une envie de fleurs.
Je m’approchai, lui murmurai à l’oreille très doucement.
– Et si un inconnu vous offrait des fleurs ?
Elle ne bougea pas, à peine un clignement de ses cils qu’elle avait longs.
– j’en serais ravie.
– Ne bougez pas.
J’entrai dans la boutique, lui commandai un bouquet de roses rouges magnifiques, revint, mis un genou en terre.
– Permettez-moi, belle inconnue, de vous offrir ces roses en gage de mon admiration éternelle.
Elle sourit, prit le bouquet.
– Et maintenant, me lancai-je tout à mon enthousiasme, me permettez vous de vous offrir des fleurs d’un autre cachet, des fleurs peintes sur votre corps nu que j’imagine d’albâtre. Je suis dessinateur voyez-vous et j’aime dessiner des fleurs sur les femmes qui me plaisent.
Elle sourit derechef, ni surprise ni choquée.
– Mais bien volontiers, conduisez-moi à votre atelier, je serai ravie d’être croquée par vous…
Sans laisser le temps changer la donne je la précédai vers mon atelier tout proche, elle, ma belle inconnue superbe, parfumée des roses de ce bouquet aussi rouge que sa bouche vermeille.
– Ce sera cinq-cents francs, me dit-elle …parce que c’est vous.

Cendrillon

 

Les jambes étaient longues, belles. Il rêvait d’elle le nez aux oiseaux, le sourcil un peu froncé, concentré.

– S’il te plait ! lui-dit-elle. Invente-moi une histoire, un jeu !

– Un jeu qui serait une histoire, j’ai ça. Jouons donc à Cendrillon.

Elle sourit.

– Cela semble évocateur. Raconte.

– Pour cette histoire, il te faut des chaussures. As-tu, dans ta garde robe à multiples facettes, des escarpins de vair ou de verre ?

– J’ai des escarpins de plastique, transparents comme de l’eau claire.

– Mouich. Cela pourra faire l’affaire mais n’en abuse pas. Possèdes-tu une tenue de princesse, des bas de princesse, des dessous de princesse.

– Oui. J’ai toujours rêvé d’être une princesse.

– Alors va te préparer, je t’attends dehors pour t’emmener au bal.

Elle courut se faire merveilleuse.

Elle commença par le maquillage qui fut long, compliqué, car les deux premiers essais ne lui convenaient pas.

Elle continua par des dessous de satin, puis de soie, s’attarda sur une dentelle, choisit une transparence de vair ou de verre, revint à la soie, plus chic, assortie aux bas de même matière.

Elle avait huit robes qui pouvaient convenir. Après une série d’essais non couronnés de succès, elle opta pour la treizième, glamour, vintage, et chiffre porte bonheur.

Tout était parfait, les escarpins lui seyaient, il ne restait que les bijoux, ce fut un peu long. Elle opta pour une rivière de diamants et deux boucles de corail clair.

Quand elle sortit, joyeuse, les lampadaires éclairaient la nuit.

Bien noire.

Bien tard.

Sur une citrouille posée devant la porte de son loft de princesse, un mot prétendait.

« Il est minuit passé, ma jaguar s’est transformée, je suis parti avec la fée ».

Des femmes et un artiste

Samedi 9 août et dimanche 10 août, j’expose mes femmes à Saint-Civran dans l’Indre près de Saint -Benoît du Sault.
Entrée libre et gratuite. Il y aura même possibilité de se payer un coup à boire, chaud ou froid, et des machins à grignoter pour se poser un peu et discuter.
Cela s’appelle le Thé dans l’Art et c’est de 15h à 19h.
Viendez les voir et moi avec tant qu’on y est. (sourire)
Photo : André Locque