Une semaine en i
Je me suis fait la réflexion la semaine dernière que le mois d’octobre est un mois souvent froid et, de plus, que c’est un mois où l’on n’est pas encore habitué à ces températures frisquettes. Pas de problème, que je me suis dit, je vais me prévoir une jolie bouillotte pour chaque jour de la semaine histoire de pouvoir me réchauffer facilement, prendre du plaisir, et bien dormir.
Bonne idée.
Et comme je suis un homme littéraire (Mais si !), j’ai décidé d’en faire un mois en ie pour la rime avec les jours de la semaine en i, et pour le petit challenge supplémentaire.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Je suis comme ça, pragmatique et efficace.
Le lundi, je suis avec Julie, une superbe blonde aux grands yeux bleus et aux seins magnifiques.
Le mardi, c’est Sophie, une petite brune gentille très douée pour les massages voluptueux.
Le mercredi, voici Émilie, une charmante femme aux tailleurs et cheveux courts très secrétaire de direction avec les fantasmes assortis évidemment.
Le jeudi, je me lâche avec Suzie, une rousse flamboyante, rondeurs chaleureuses, tatouages partout, orgasmes à la folie.
Le vendredi, je prends mes RTT d’écriture en compagnie de Vickie, cheveux longs très noirs et pupilles profondes très sombres.
Le samedi, le weekend s’annonce, il faut de l’exotisme, je voyage avec Mélie, une métisse sulfureuse et chatoyante.
Et le dimanche.
Ah le dimanche.
Eh bien j’ai conservé Clarisse dont je ne peux décidément plus me passer. J’ai organisé un bouquet de dimanches somptueux à lui faire faire n’importe quoi ce qu’elle fait particulièrement bien.
Une fois mon petit programme posé, j’étais, je dois l’avouer, assez fier de moi. Un automne qui s’annonçait particulièrement confortable.
Et puis, aujourd’hui, j’ai rencontré Mélanie.
Mélanie a une peau de lait, des yeux noisette à tomber, une bouche pulpeuse à croquer.
Aïe !
Ma semaine est pleine, où vais-je placer Mélanie ?
Je ne peux quand même pas remettre en cause un programme si parfait, et quand à faire attendre Mélanie, ce n’est pas du tout le style de la donzelle.
Pour l’instant, Mélanie est allongée sur mon lit dans une tenue lycra bleu-vert, bas, porte jarretelles, collier de perles et sourire à tomber.
Tout ce que j’aime.
Hum… On va toujours prendre ce qu’on a et on se posera des questions après.
On sonne à la porte.
Je regarde mon calendrier, voyons c’est le jour de…
Au secours !
Ben, oui ne soyez pas bête quoi !
Savoir communiquer
Dessin 148
Billard
C’est un mardi que Clémentine me fit venir chez elle après m’avoir attiré d’un désirable.
– J’ai quelque chose d’original à te montrer.
Bon début.
Je m’attendais à une surprise de bon aloi façon déshabillé coquin ou nouvelle robe transparente, puis un petit thé glamour agrémenté de petits gâteaux, avant de déguster l’après-thé de tradition pour profiter de la surprise comme il sied à toutes personnes de bonne compagnie qui se font des surprises.
Eh bien pas du tout !
Je m’avais enfoncé le doigt dans l’œil jusqu’à la cent-trente-sixième phalange.
Bon, je le sais depuis longtemps, Clémentine est une jolie rousse capable, comme toutes les jolies rousses, d’excentricités tout à fait diaboliques. Avouons-le, c’est une des raisons, parmi d’autres plus sulfureuses encore, qui me fait fréquenter les jolies rousses.
Mais là, je fus soufflé.
Et l’on sait comme il est difficile de me « souffler ».
Dès mon entrée, Clémentine m’emmena devant une porte que je ne connaissais pas dans sa maison qui en comporte plusieurs milliers. Elle a les moyens et apprécie les gigantesques baraques, chacun ses névroses ça ne me regarde pas.
– Je viens de faire une folie.
Ah !
Je l’examinai. Elle portait une robe en velours toute simple agrémentée de quelques diamants anodins, des bas noirs, des chaussures à talons de dix centimètres de hauteur. Rien que de très normal.
Mon inquiétude monta dans les tours. Je craignais le plan foireux. Je tentai une dernière chance.
– Tu portes un bidule caché ?
– Mais non idiot, regarde.
Elle ouvrit la porte.
Mes craintes devinrent aussitôt réalités.
Imaginez une grande pièce avec un long bar sur un des côtés, des bouteilles et des verres en étagères, un parquet ancien en bois vernis, et, au milieu, lourd, massif, un billard français de la plus belle eau surmonté des trois lampes vertes habituelles.
– Une envie brutale en regardant un catalogue chez mon coiffeur. Alors aussitôt, j’ai fait aménager cette pièce la semaine dernière. Je me suis amusée, tu n’imagines même pas.
Qu’est-ce que c’est que ce coiffeur qui a des catalogues de billards à la place d’Ici Paris » ou « Voici » ?
Il n’y a plus de coiffeur.
– Tu sais jouer au billard ?
– Bien sûr que non, tu vas m’apprendre.
Ah ?
– Mais… je ne sais pas jouer au billard français. Encore ce serait un billard américain, je ne dis pas, je sais à peu près tenir une queue et s’il s’agit de mettre des objets dans des trous, je peux à la limite…
– Ah non, ne me parle pas des ces types qui ne parlent pas français. En anglais je suis nulle, en américain c’est pire. Il parait qu’il faut acheter local, c’est ce que j’ai fait, non ? Alors jouons local et pis c’est tout !
Allez répondre à ça !
– Tu vas m’apprendre, et pour te motiver, j’ai eu une idée. A chaque fois que je fais une erreur, tu peux me punir à ta guise.
– Tout ce que je veux ?
– Tout ce que tu veux.
Ah !
Moi il ne faut pas me prendre par les sentiments.
J’ai potassé les règles du billard français et allez vas-y mon gars.
Tous les mardis, de cinq à sept… ou plus, j’enseigne le billard à Clémentine.
Elle est particulièrement peu douée, je suis obligé de la punir sans cesse.
Je ne m’en plains pas, elle non plus. Finalement, le billard est une activité beaucoup plus intéressante que je ne croyais.
Et ce qui va sans doute vous étonner…
Beaucoup plus sportive aussi.










